vendredi 23 octobre 2009

La Californie, un village dans la ville

Autour de la longue rue Dupont-des-Loges, découverte d’un îlot de bohème dont le nom reste lié à l’âge d’or des spéculateurs fonciers.

C‘est un quartier tranquille entre les quais et la rue Saint-Hélier, une île entre deux bras de Vilaine traversée par la rue Dupont des Loges. «Nous sommes ici dans un des seuls endroits de Rennes qui ne tire pas son nom d’un lieu-dit, mais d’un fait historique », témoigne Joël David, spécialiste des noms de rue pour la Ville de Rennes. «Avant que le chemin de fer n’arrive à Rennes en 1857, plusieurs tracés de ligne ont été étudiés. L’un d’entre eux traversait cet endroit pour descendre vers l’actuelle gare. Des propriétaires ont alors acheté des terrains ici pour spéculer. Ils souhaitaient y faire des entrepôts pour les wagons et attirer ainsi les industriels ». À la même époque, c’est la ruée vers l’or en Californie. «Le mythe du chercheur d’or qui spécule sur sa terre est passé par là, et par analogie le nom est resté ici.»

Le train passera finalement beaucoup plus bas : le quartier sera donc consacré aux habitations. En déambulant entre elles, on tombe devant l’intriguant hôtel Venezia. À peine la porte poussée, des oiseaux se mettent à chanter. « Ils souhaitent la bienvenue à tous les gens qui rentrent, et leurs disent au revoir quand ils s’en vont» explique dans un murmure Saleh Roueli, assis autour d’une table avec quelques amis. C’est lui qui tient la pension avec sa famille de-puis 1991. «On ne parle pas de quartier ici, on dit qu’on est dans notre petit village », précise-t-il. «On y croise surtout des étudiants, qui peuvent aller à pied aux Beaux-Arts ou à l’ESRA, l’école d’audiovisuel. En semaine, la présence du centre de formation en informatique du rectorat apporte du mouvement. Souvent on se retrouve entre voisins au Saxo pour voir des concerts ou chez Mamaï pour boire un verre. » Le week-end, leur lieu de sortie c’est plutôt le Scaramouche, derrière le TNB.

Autre particularité : de gros camions de blé passent également dans les petites rues pour livrer la minoterie, à cheval sur la rivière. Autour d’elle, certaines maisons à l’aspect parfois simple révèlent en cherchant des mosaïques signées Isidore Odorico, l’artiste italien très inspiré par l’Art Déco. C’est dans le quartier que vivait le célèbre mosaïste.

Jean Le Barvic. Cet article fut publié dans le n° 398 du Rennais en Décembre 2008
http://www.rennes.fr/index.php?id=82

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