vendredi 16 octobre 2009

Histoire de la Californie - 3e partie

Avant 1850, les terrains de la Californie étaient enclavés. L’accès se faisait depuis le faubourg Saint-Hélier par le chemin menant au moulin. En 1850, un pont de bois enjambant le canal des Murs, dans l'axe de la rue Toullier, est construit à l'initiative des propriétaires. Il relie les terrains à la promenade des Murs. Le prolongement du quai et le projet de construction d'une cale, face au port de Viarmes, incitent les propriétaires des terrains à se réserver ceux qui bordent la Vilaine. Au même moment, un premier réseau de voies est mis en place pour rentabiliser cet espace à vocation industrielle : un chemin de 8 m de large, parallèle au quai, aboutissant au coursier du moulin, dans l'axe de la rue Toullier (rue Dupont-des-Loges), une voie perpendiculaire joignant la rivière au moulin Saint-Hélier (rue Joseph-Sauveur).

Entre 1854 et 1861, le choix de l'emplacement de la gare sur les terrains de Lorette, la création de l'avenue de la Gare puis le comblement du canal des Murs achèvent le processus de connexion avec la ville. Cette suture, réglementée par plusieurs traités, aura pour conséquence l'abandon progressif du site par les industriels.

En 1869, Le plan de construction de l’amphithéâtre de l’école de médecine (actuelle DAU) montre les constructions, peu nombreuses, édifiées en bordure du quai de Richemont et de la rue Dupont-des-Loges. Y figure aussi le projet d'une voie traversant la prairie Saint-Georges et un chemin existant au sud.

En 1881, à la demande du maire de la ville et en réponse à la proposition de MM. Ferron et Hergault-Losinière, l'architecte communal Jean-Baptiste Martenot soumet des tracés pour l'ouverture de rues nouvelles, dans les terrains de la Californie.

En 1883, M. Hergault-Losinière sollicite à nouveau l'approbation du projet par le conseil municipal, dont il rappelle l'objectif social, dans un courrier de mai 1884. Dès 1884, M. Hergault-Losinière fait le rêve ambitieux de créer "une grande industrie pour la construction des wagons, pour la vente et le louage aux compagnies de chemins de fer", accompagnée de logements ouvriers, d'un lavoir et d'un établissement de bain.

En 1886, un nouveau projet est présenté par M. Brossault, propriétaire des terrains situés à l'est, comportant l'ouverture de 4 rues nouvelles. A cette date, le tracé de la rue à ouvrir entre la gare et la rue de Paris est à nouveau mis à l'étude. En 1888, suite à la proposition de M. Brossault, le prolongement de la rue Dupont-des-Loges jusqu'au boulevard Laënnec est accepté. En 1890, un lotissement ouvrier est créé qui s’étend progressivement sur les différents îlots formés par les bras de la Vilaine. La rue des Lavoirs est classée dans la voirie urbaine en 1902, et prend le nom de rue de Léon, en hommage à l'ancien maire de Rennes. L’extension du quartier s’achève en 1908 avec la construction du pont assurant la jonction avec le boulevard Laënnec. Cette même année, l'ensemble du réseau est classé dans la voirie urbaine, témoignant ainsi de l'intégration du quartier dans l'espace de la ville.

Peu après le développement d'un quartier résidentiel proche du Thabor (faubourg de Paris), le quartier de la Californie constitue un accroissement d'une autre nature, attestant du développement de l'activité industrielle dans la ville avec l'arrivée de la voie ferrée. Ce quartier, qui a su garder l'ambiance singulière liée à ses origines artisanales et industrielles, est exemplaire du mode d'extension du tissu urbain dans la deuxième moitié du 19e siècle, dont les phases successives sont liées au développement initial de l'industrie dans la ville.

L'abandon de la voie joignant la gare au faubourg de Paris aura eu pour conséquence la formation d'un espace fermé sur lui-même. L'architecture elle-même contribue à accentuer la dimension centripète de l'espace, qu'il s'agisse des nombreuses maisons d'entrepreneurs et d'artisans à l'ouest de la Vilaine, ou des petits immeubles mitoyens des rues H.Lucas, Léon, Dupont-des-Loges…

Remerciements: Anne-Claude Jaouen; les Archives municipales de Rennes

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